A Casa Azul

artigo sobre Frida Kahlo, em francês, sim, é enorme, mas vale a pena ler até ao fim. Aqui no blog ou ali no Libé.

La chambre secrète de Frida

En 2004, deux pièces de la maison de Frida Kahlo et Diego Rivera, scellées en 1954, ont été ouvertes, dévoilant archives, photos et lettres du couple d’artistes. Une partie de ces «trésors de la Maison bleue» sera exposée à partir de demain à Mexico.

Par Babette Stern
QUOTIDIEN : vendredi 6 juillet 2007

Le 8 décembre 2004. Oui, à 10 heures précisément.» Hilda Trujillo, directrice du musée Frida Kahlo, s’en souvient comme si c’était hier. Ce matin-là, elle avait rendez-vous avec un notaire, un avocat et un représentant de la Banque de Mexico. Ensemble, ils allaient ouvrir ce que les journaux mexicains ont appelé « les chambres secrètes» de la Casa Azul. Deux salles de bains scellées sur ordre du célèbre muraliste mexicain, Diego Rivera, à la mort de sa femme, la peintre Frida Kahlo, en 1954. Les héritiers du couple en connaissaient l’existence. Mais le secret a été bien gardé, pendant un demi-siècle.

La «Maison bleue», au 247, rue de Londres, dans le quartier de Coyoacan au sud de Mexico. C’est là que Frida est née le 6 juillet 1907, qu’elle a vécu sa tumultueuse vie conjugale avec Diego, de vingt ans son aîné. Ses murs ont retenti des disputes entre les deux artistes, des éclats de voix, des portes qui claquent. Ils y ont accueilli Léon Trotski, André Breton et sa femme, à la fin des années 30. C’est dans cette maison que Frida a supporté toutes les étapes de son calvaire physique - la poliomyélite qui la frappe à 6 ans, puis, à 18 ans, le terrible accident de tramway qui l’obligera à subir une trentaine d’opérations et à porter toute sa vie des corsets, jusqu’à son amputation d’une jambe. Dans cette maison, que se sont nouées des intrigues amoureuses, notamment avec le révolutionnaire russe. Là aussi que s’est épanoui le génie créateur de Frida. Et qu’elle s’est éteinte.

«Mon Dieu, quel bric-à-brac»

Selon le vœu de Diego Rivera, la Casa Azul s’est transformée en musée. Mais le muraliste mexicain avait été formel : les affaires personnelles, les archives de Frida, devaient être entreposées dans deux pièces à n’ouvrir que quinze ans après sa mort à lui. Pourquoi ce délai ? La peur d’un scandale lié à la vie débridée du couple (Diego ne pouvait résister à un jupon) et aux aventures, y compris féminines, de Frida ? Un calcul d’artiste, pour laisser «du temps au temps», car au milieu des années 50, « qui se préoccupait des petits secrets de Frida ?», avance Ricardo Perez Escamilla, commissaire de l’exposition «Les trésors de la Maison bleue» qui s’ouvre ce 7 juillet. Il croit plutôt que « Diego s’est inspiré de son ami Trotski qui a laissé ses archives à l’Université de Harvard avec ordre de ne les ouvrir que des années après

Diego Rivera est mort en 1957. Après la disparition de Frida, il s’était rapproché de Dolores Olmedo, une de ses anciens modèles, dont il fera son exécutrice testamentaire. Finalement, Dolores décida que les fameuses «chambres secrètes» ne seraient ouvertes qu’après son propre décès. Ainsi la poussière du temps a-t-elle recouvert pendant trente-deux autres longues années, le versant le plus intime et le plus quotidien de la vie de Frida. Dolores Olmedo a été enterrée en 2003. Les «chambres funéraires» allaient pouvoir livrer leurs secrets.

Hilda Trujillo se souvient : « J’avais le cœur battant devant la petite porte verte de la pièce attenante à la chambre de Diego, au rez-de-chaussée. Elle était cachée par une tenture. Nous l’avons écartée, avons coupé les bandes adhésives qui tenaient les sceaux et ouvert la porte. Une odeur de moisi nous a sauté aux narines. Le sol était recouvert de poussière. La première impression a été Mon Dieu, quel bric-à-brac ! » Des dizaines de caisses, des cartons, empilés les uns sur les autres, des piles de journaux jaunis, liés par des ficelles. Des livres aussi. Beaucoup. « Ça sentait le pipi. Un vasistas avait été cassé et les chats de la maison avaient dû s’y faufiler plus d’une fois. Puis, en procession, nous sommes montés à l’étage. V ers l’autre salle de bains, à côté de la chambre de Frida où repose son urne funéraire. Elle avait dit Même dans un cercueil, je ne veux plus être couchée . »

Corsets et bijoux précolombiens

Là, encore des caisses, jusque dans la baignoire, des boîtes d’œufs contenant des tickets de bus, les comptes de la maison, des photos en vrac. Et puis, des armoires avec ses robes pliées et ses corsets, un petit secrétaire aux tiroirs scellés, des coffres. En fait, les meubles de Frida ont été entreposés tels qu’ils étaient de son vivant. Un quotidien figé pendant cinquante ans. La première tâche des découvreurs est d’en faire l’inventaire méthodique : les relevés de banque, la comptabilité, la correspondance, les dessins, les livres, les documents, les photos de Frida, de Diego, du couple. La somme est impressionnante : 22 105 documents, 5387 photographies, 168 robes et 11 corsets, 212 dessins, calques, esquisses de Diego et 102 de Frida, 3874 revues et publications, 2170 livres.
A peine 5% de ces trésors seront montrés lors de l’exposition. Le reste sera digitalisé et pourra être consulté à partir de l’automne sur ordinateur, au musée Anahuacalli, à Coyoacan, où est exposée la collection d’art préhispanique de Diego Rivera. Au fur et à mesure du travail des archivistes, « on est allé de surprise en surprise», raconte la directrice du musée. Au fond des tiroirs, telle esquisse de Diego que l’on croyait perdue, les bijoux précolombiens de Frida, les boucles d’oreille en ivoire en forme de mains offertes par Picasso, des lettres du peintre surréaliste Yves Tanguy, des missives de ses amants. Mais également ses ordonnances, ses médicaments, tous ces petits riens qui nous font mieux comprendre la vie de l’artiste et son autodérision.

Militants passionnés

Comme ce croquis, 21x29,7 où elle se crayonne nue, femme bionique au corps cerclé de fer et à la jambe de bois. « Les apparences sont trompeuses», a-t-elle écrit près de sa signature. Et puis les centaines de livres. En feuilletant certains, on découvre des dessins de Frida, au crayon ou au fusain, dans la marge ou sur le texte. Surtout, ils permettent d’approfondir la connaissance sur l’engagement politique du couple.

Frida s’est inscrite au Parti communiste en 1928, à 21 ans. Diego Rivera, lui, était à la Ligue communiste internationale. « Cela foisonne d’informations sur le socialisme et le communisme. Il y a des livres de Trotski, de Marx, de Engels», dit le commissaire de l’exposition. Des manifestes aussi, comme celui de Diego Rivera et André Breton « pour un art révolutionnaire indépendant», ou ce numéro de la revue Clave, Tribune marxiste, du 10 novembre 1938, où se côtoient un texte de Trotski et un article de Rivera sur «L a lutte des classes et le problème indigène». Des écrits sur les relations avec la IVe internationale. Des lettres sur la situation de Cuba qui montrent la relation qu’ils entretenaient avec le socialiste, Julio Mella, fondateur du parti communiste cubain, assassiné à Mexico en juin 1929. Des échanges de courriers sur le renversement en 1954 de Jacobo Arbenz au Guatemala avec l’aide de la CIA. « C’étaient des militants passionnés», sourit Ricardo Lopez Escamilla. Un des joyaux exhumés, qui n’est pas montré au public, est cette lettre que Léon Trotski adresse à Diego Rivera le 12 juin 1937. « Cher ami, écrit-il. Vous savez que je ne me mêle pas de la politique mexicaine en général et de l’action de la Ligue communiste internationale (section mexicaine) en particulier. Mais certaines déclarations de la Ligue qui affirme sa solidarité avec le trotskisme m’obligent à mettre les choses au point. Que signifie Action directe ! Contre la vie chère, grèves, sabotage et boycott, contre les exploiteurs du peuple ! ? Pour la première fois dans ma vie, j’entends que le sabotage est un moyen de lutte ouvrière. Le sabotage de la production ou des transports ne signifie pas la baisse des prix mais leur hausse. Les falsificateurs stalinistes accusent les trotskistes de sabotage. Nous réfutons cette accusation avec indignation. [.] Je me réserve le droit de dénoncer totalement et radicalement cette politique légère et criminelle. [.] Je suis sûr que vous serez de mon avis

« C’était un couple unique, qui avait créé son propre univers et se mettait en scène», poursuit Ricardo Lopez Escamilla. Des créateurs qui s’admiraient et « se nourrissaient mutuellement. Les lettres, les documents que nous avons découverts montrent que Frida n’était pas une créature de Diego, une marionnette. Non, c’était une femme indépendante et libre, qui conjurait ses blessures physiques par un appétit de vivre jamais assouvi ».

La plus belle collection du Mexique

Ses amitiés étaient nombreuses, dans tous les milieux. Les milliers de photos retrouvées en témoignent. C’est le photographe Pablo Ortiz Monasterio, qui a été chargé de plonger dans ces archives, «la plus belle collection du Mexique», dit-il, le regard enfiévré à la vue de ces trésors. Il montre des photos de Brassaï, Man Ray, Pierre Verger. Des portraits de Marcel Duchamp, le seul qui trouvait grâce aux yeux de Frida qui jugeaient les surréalistes « pompeux», un autre d’André Breton, dédicacé au couple, de Henry Ford. Une petite photo de la photographe Georgia O’Kieffe, la seule femme dont on ait trouvé une preuve écrite qu’elle fut l’amante de Frida.

La plupart des photos sont toutes petites. Elles étaient abîmées, certaines avaient été punaisées. « Alors que les rares portraits de Frida la montrent le regard fixe, comme pour faire partager sa douleur, j’ai trouvé cette petite photo, où elle est couchée sur le ventre, fait la coquette, les cheveux défaits, le drap au bas des reins, le regard mutin. Une photo très sensuelle

Pour l’exposition, Pablo Ortiz a retenu une cinquantaine de clichés illustrant les différentes facettes de la vie de Frida : la Révolution avec cette photo d’une cartouchière et d’un épi de maïs de Tina Modotti, les amours, la famille. Mais de l’avis de tous les chercheurs qui se sont penchés sur «Les trésors cachés de la Casa Azul», le document le plus drôle est une lettre écrite à Diego par Frida lorsqu’elle était à Paris, chez les Breton, en 1939 : « Cette maison est une porcherie. Elle est pleine de punaises et de puces. [.] La femme ne se lave pas. La cuisine est un désastre.» Frida l’amoureuse, l’artiste, la militante, la femme blessée, avait aussi la dent dure.

2 nomades:

pessoana a dit…
9/7/07 17:30

Gosto destes encontros imprevistos, de redescobrir a casa azul e as feridas da Frida por portas travessas. Bisous!

apresento isto a dit…
10/7/07 12:43

eu é mais bolos

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